Il y a des idées en l'air qui appartiennent à l'atmosphère intellectuelle du temps. En d'autres termes, les motivations, les formes d'être et de penser, les actes des hommes, à un moment donné, sont largement influencés par l'esprit dominant du siècle. Il en est ainsi tant au niveau général des visions du monde qu'au plan des affaires ordinaires de la vie. La seconde moitié du XXe siècle a ainsi connu un changement diffus mais continu, profond et irrésistible de l'air du temps qui a déformé globalement les façons de travailler, d'aimer, de vivre et de mourir.
Après les " Trente Glorieuses ", après l'éclipse des religions révélées, après l'émergence et l'effacement du messianisme de statut terrestre qu'était le marxisme, on a pu évoquer l'avènement d'une ère nouvelle dite parfois de la " consommation de la communication ".
La circulation des informations en temps réel et la
frénésie de la connexion imposées par les nouvelles technologies sont
symptômatiques de l'air du temps en ce début du XXIe siècle.
En bref, il n'est pas d'attitudes, de sphères et de comportements qui ne soient épargnés par l'esprit du temps. Certes, chacun apparaît libre à titre individuel mais il l'est seulement dans les limites imposées par le réseau des valeurs dominantes de l'époque. La vie de chaque homme lui appartient ; la liberté est liée à son être ; il se sent libre dans l'univers pouvant opter entre de multiples possibles. Cependant, il n'est libre qu'à moitié, dépendant de son temps, le cours général de l'histoire s'imposant à lui.